01.10.2018
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Tableau de bord n° 10 - octobre 2018
Les ventes de véhicules particuliers
En septembre, le marché automobile mondial est en baisse de -8,5 % en glissement annuel (fig. 1). La baisse est générale dans toutes les régions du monde et s’explique par un contexte international tendu : guerre commerciale entre les USA et la Chine, sanctions contre l'Iran, Brexit, remontée des taux d’intérêt, chute des devises dans les pays émergents, ralentissement de l’économie chinoise…
En Europe, le marché subit également le contre choc du passage à la nouvelle norme WLTP qui avait gonflé les ventes de véhicules ces derniers mois. La chute est particulièrement forte en Allemagne -31 %, Italie -25 %, Espagne -17 % et en France -13 %. En Chine, pour le troisième mois consécutif, le marché automobile ralentit (-10 %) et les prévisions de ventes pour l’année sont fortement revues à la baisse (autour de 28,6 millions d’unités).
Les immatriculations de véhicules plug-in rechargeables (VE) dans le monde progressent de +65 % en août par rapport à l’année dernière à 172 400 (fig. 2). Cumulées sur l’année, les ventes de VE dépassent le million de véhicules, en ligne avec notre prévision de ventes pour 2018 à 1,9 million (fig. 3).
Les ventes de véhicules électriques et hybrides
Près de 45 000 véhicules électriques ont été immatriculés en septembre aux États-Unis (Fig. 5), soit une augmentation de 111 % par rapport à septembre 2017. Depuis trois mois, les ventes de VE accélèrent fortement aux USA, poussées par les ventes de BEV qui atteignent les 34 000 unités (dont les 2/3 sont des Tesla Model 3). Il se vend actuellement trois fois plus de véhicules BEV que de véhicules PHEV aux USA, et ce ratio devrait continuer de croître. Grâce aux ventes records du Model 3, Tesla s’octroie plus de 47 % du marché américain du VE. Au global, les USA comptent maintenant 980 000 VE en circulation et le cap du million devrait être franchi le mois prochain (fig. 4).
Le marché européen des VE a stagné en septembre (+2 %) avec 33 000 immatriculations (fig. 6). L’effet du passage à la nouvelle norme WLTP se fait également ressentir sur les ventes de VE. Les ventes de PHEV sont en baisse de 19 % et les ventes de BEV se maintiennent autour de 18 700 (+27 %).
En Chine, près de 105 000 VE ont été vendus en septembre (fig. 7), un nouveau record historique. La part des ventes de VE dépasse maintenant les 4,4 % des ventes de véhicules. Au classement constructeur, BYD est en tête avec 20 % de parts de marché suivi par BAIC avec 13 %.
En France, les ventes de VE sont en hausse de 3 % en septembre avec 3 790 véhicules immatriculés (fig. 8).Les ventes de modèles tout électrique (BEV) sont en forte croissance (+10 %), tandis que les hybrides rechargeables (PHEV) reculent (-9 %). Plus de 150 000 VE circulent maintenant en France dont les trois quarts sont des BEV. La part du diesel continue de reculer. Elle est tombée en septembre à 36 % des ventes de voitures particulières, proche de la moyenne européenne (35.8 %).
Le secteur du véhicule électrique attire de plus en plus de capitaux privés. Selon les chiffres de CleanTech Group, plus de 10 milliards de dollars auraient été levés dans ce secteur depuis le début de l’année (fig. 9). Parmi les dernières opérations, on trouve deux start-up américaines développant des voitures électriques haut de gamme (type Tesla model S) : Faraday Future avec deux milliards de dollars investis par un fonds Chinois (Evergrande Health) et Lucid Motors qui a levé en septembre un milliard de dollars auprès d’un fonds souverain saoudien. Mais c’est principalement dans des start-up chinoises que la plupart des fonds sont investis à l’exemple de Xpeng, soutenue par Alibaba, Nio, Byton, Youxia Motors, etc.
Prix et consommation de carburants
Avec la remontée du prix du pétrole brut (78,8 $/b, en augmentation de +41 % par rapport au mois de septembre 2017), les prix à la pompe en Europe et en France s’envolent. En France, le prix moyen de l’essence SP95 atteint 1,56 €/l (+14 %) et le diesel 1,48 €/l (1,35 €/l équivalent essence - fig. 10). Face à la montée des prix à la pompe, de plus en plus d’automobilistes se tournent vers l’E85 (qui peut contenir entre 65 % et 85 % de bioéthanol), essentiellement pour des raisons économiques : en septembre, le prix de l’E85 était en moyenne de 0,68 €/l soit environ 0,85 €/l équivalent essence.
Sur les huit premiers mois de l’année, les ventes de E85 ont bondi de +43 % (fig. 11) d’après le Syndicat national des producteurs d'alcool agricole (SNPAA). Les ventes décollent surtout depuis la fin 2017 avec l’homologation des boîtiers électroniques qui permettent de convertir une voiture essence en voiture flexfuel pouvant utiliser différents types de carburants essence dont l’E85. Il existe actuellement 1 057 stations-service distribuant le E85 en France.
Signes avant-coureurs du ralentissement de l’économie mondiale et surtout chinoise, les cours des principaux métaux sont en baisse, y compris ceux utilisés pour le VE. Le cobalt, constituant de base des batteries, a vu son prix se déprécier de plus de 30 % depuis le mois d’avril. Le nickel est également en train de suivre la même trajectoire avec une baisse de 20 % en trois mois. Le cuivre, dont le prix dépend énormément de la croissance mondiale est également orienté à la baisse (-15 % depuis le début de l’année - fig. 12).
Les plans d'investissements
Le 9 octobre, le Conseil de l’Union européenne a proposé des objectifs de réduction à 2030 des émissions de CO2 différents pour les voitures (-35 % par rapport à 2021) et les véhicules utilitaires (-30 %). Une étape intermédiaire de -15 % à 2025 a été fixée pour les deux catégories de véhicules. La Commission européenne avait proposé en novembre 2017 un objectif de -30 % en 2030. Le parlement européen s’était prononcé le 3 octobre pour un objectif plus sévère de -40 % en 2030. Un mécanisme d'incitation pour les véhicules à émission nulle et à faibles émissions sera associé aux objectifs de réduction. Un texte définitif est attendu début 2019.
Auteurs : Karine Beauquin - Élisabeth Ubrich - Cyprien Ternel - Jérôme Sabathier